Suivez-nous !

  

 

Accueil | Nouveautés commentées | Nouveautés en lecture | Coups de coeur | À paraître | Magazines | Annuaire | Forums

 


Thèmes | Collections | Entretien avec ... | Comment commander | Comment paraître | Boîte à outils | Qui sommes-nous ?

Entre nous, vous voyez-vous avec un ordinateur portable en guise de livre de chevet ?

Notre librairie

partenaire


Rechercher sur ce site

mise en ligne: mercredi 1er avril 2009



La légende du Baron Rouge

Stéphane Koechlin

 
   

 

 

Regards croisés : deux regards différents pour un même ouvrage.

- Le commentaire de Corinne Micelli
- Le commentaire de Frédéric Marsaly

Voilà, comme diraient les anciens, de la "belle ouvrage" ! Cette biographie romancée du Freiherr Manfred von Richthofen relate également celles, en plus concis, des as allemands, français, anglais qui gravitent, de près ou de loin, autour du Baron rouge au cours de la Grande Guerre aérienne : Oswald Boelke, Werner Voss, Ernst Udet, Hermann Goering, Karl Bodenschatz, Max Immelmann, Albert Ball, René Fonck, Georges Guynemer, Adolphe Pégoud, Roland Garros, Joseph Frantz, James McCudden, Rhys David … Une galerie de célébrités dans le combat aérien dont le nom, passé à la postérité, illustre le prestige de chacune des nations d’appartenance. Ils ont en commun d’obéir aux lois chevaleresques de la noblesse d’antan : bravoure, obéissance, droiture, respect de l’ennemi, sens du devoir et du sacrifice, amour indéfectible en Dieu…

Manfred von Richthofen fut à l’Allemagne ce que Georges Guynemer est à la France : un mythe. Et comme toute légende, le personnage est auréolé d’une gloire éternelle, acquise par des hauts faits d’armes et un comportement hors normes, tous cités en exemple par les politiques pour réveiller la fibre patriotique censée sommeiller dans tout soldat. Les héros ont traversé la guerre comme une comète brillante, lumineuse, fuyante avant de rejoindre le martyrologe des hommes ailés dans le firmament des étoiles de l’aviation. Un bémol toutefois puisque ne sont concernés que les "Vaillants" tombés en plein ciel de gloire.

On pourrait reprocher à Stéphane Koechlin un manque de rigueur historique dans la rédaction de certains passages dont les informations ont certainement été puisées dans la littérature abondante sur les as de guerre. À son crédit, nous mettrons tout de même qu’il s’est fondé, pour rédiger son œuvre, sur la copieuse correspondance que le fils aîné des von Richthofen a adressée à sa mère tout au long des années 1914 à 1918.

Cette absence de "recherche de la vérité officielle" ne nuit en rien à la qualité de l’ouvrage, d’autant plus que La légende du Baron rouge répond à certaines interrogations : Pourquoi Manfred von Richthofen a-t-il fait peindre son Aviatik couleur sang puis, plus tard, son escadre de triplans Fokker ? Pourquoi cet homme adulé par une foultitude de femmes vivait-il dans un désert sentimental ? Pourquoi ses 80 victoires homologuées n’ont-elles été remportées que sur des aviateurs britanniques, aussi valeureux soient-ils ? En aurait-il cumulées autant s’il avait dû affronter les as français ?

Une fois le livre terminé, on ne peut s’empêcher d’établir un parallèle entre l’as des as allemand et l’as des as français. Hormis les conditions de naissance des deux protagonistes (le Prussien est né le front peint aux couleurs des armoiries de baronnie, le Vosgien les pieds chaussés de sabots), leur parcours est à peu près semblable : petite taille, enfance rigoureuse, absence affective, goût précoce de la chasse, attirance pour l’aviation par le biais des acrobaties des pionniers, débuts pénibles dans l’armée, introversion, mépris pour l’alcool et la débauche, sport et entraînement à outrance pour maîtriser l’art du combat aérien. « Von Richthofen vaut à lui tout seul deux divisions », proclamait le général Ludendorff tandis que le maréchal Foch se plaisait à décrire René Fonck comme « [ce] recordman du courage et de la virtuosité valait une division à lui tout seul ». Un sujet de thèse à méditer…

En conclusion, s’il me fallait noter La légende du Baron rouge, en prenant soin de la présenter, non comme une étude historique, mais comme une biographie romancée, je n’hésiterais à lui attribuer un 15 sur 20 en raison du style de qualité supérieure, riche, fluide, aérien et vivant. J’y ajouterais la mention "très bien" pour les chapitres entrecoupant le récit, dédiés aux personnages qui gravitent dans la sphère aérienne de von Richthofen. Ces portraits, brefs tout en étant détaillés, apportent une plus-value indiscutable pour la compréhension du personnage transfiguré en l’invulnérable Siegfried tout droit issu de la Walkyrie de Wagner, le compositeur adulé, voire attitré de certains puissants allemands.

Manfred von Richthofen a été abattu dans des conditions qui font encore l’objet de différentes versions. Ainsi disparaissent les hommes érigés en légende, en enveloppant leur ombre d’une part de mystère non résolu…

Corinne Micelli


Si le nom de Manfred Von Richthofen est connu des amateurs d’aviation, il est beaucoup moins évocateur pour le grand public, surtout si l’on se garde de révéler le surnom qui lui est associé pour l’éternité : "le Baron Rouge". Ce surnom est resté jusqu’au nos jours dans la mémoire collective, tant les exploits du pilote allemand et la légende vivante qu’il fut ont marqué l’histoire.

Stéphane Koechlin, outre d’être biographe de James Brown ou Ben Harper (preuve d’un goût musical assez sûr), se présente comme un passionné des choses de l’air et fasciné par le pilote allemand. Il s’est donc lancé dans le récit de la légende qui a fait de Manfred un mythe, comme Joseph Kessel l’avait fait pour Mermoz et Jules Roy pour Guynemer, inoubliables prédécesseurs.

Sur ce pilote, la bibliographie disponible est d’ une immense richesse, particulièrement en anglais et en allemand. Dès 1917, les propres carnets du pilote avaient été publiés ; depuis, de biographies en récits, d’exégèses en documentaires, la légende du baron a fait couler plus d’encre encore que l’aviateur n’avait fait couler de sang ; la matière pour constituer un nouveau récit est considérable.

Que ce livre apporte-il de neuf, à l’exception de son accessibilité pour ceux qui ne lisent ni l’anglais ni l’allemand ? Sur le plan historique, hormis une sordide anecdote sur l’exécution sous ses ordres de moines en territoire occupé – sur laquelle l’auteur ne s’attarde guère – fort peu de choses.

L’ouvrage, finalement, se concentre moins sur les combats du héros que sur sa personnalité et son environnement. C’est peut-être même l’entourage du pilote qui joue le rôle du héros central de ce livre. Boelcke, Immelman, Goering, sa mère, son frère, une jeune admiratrice à laquelle il voue un amour platonique, autant de sujets que de digressions.

On attendait l’auteur au virage en ce qui concerne la fameuse mission du 21 avril 1918. Pas de déception : l’analyse des circonstances de la chute du "Baron rouge" est assez rapide mais prend bien en compte toutes les possibilités et tous les acteurs impliqués, y compris les artilleurs australiens. L’écueil du colportage de légende est évité, à notre grande satisfaction. On notera ici et là quelques inexactitudes mineures (Guynemer, c’est 53 victoires, pas 54 !) mais qui ne nuisent pas vraiment au récit.

Certains chapitres sont introduits par des références actuelles à la locution "Baron Rouge" et ses échos dans la culture populaire : jeux vidéo, restaurant baptisé ainsi, mais également, et l’analogie est là particulièrement bienvenue, avec le pilote de formule 1 Schumacher et son frère Ralf qui sont à leur sport ce que Manfred et Lothar furent à l’aviation allemande.

On se perd quelque peu sur les intentions de l’auteur : s’agissait-il de dresser une statue à un héros, de brosser un portrait réaliste d’un homme plongé dans l’horreur de son époque ? Ce livre n’est ni l’un, ni l’autre : une sorte de biographie très bien écrite, très littéraire, mais qui ne parvient pas à édifier le lecteur sur le "Baron rouge", à moins de découvrir entièrement cette histoire.

Sans être un véritable chef d’œuvre, La Légende du Baron Rouge est un récit honnête, mais qu’on aurait aimé plus vivant, plus prenant ou plus documenté.

Frédéric Marsaly


506 pages, 15,3 cm x 23,5 cm, couverture souple

- Prix Guynemer 2009

Prix Guynemer 2009

Cliché Richard Feeser
Remise du Prix Guynemer 2009 à Stéphane Koechlin. De gauche à droite : le général Pierre Péron, président du jury, Jean-Pierre Domec, secrétaire du Prix Guynemer, Stéphane Koechlin et Jean-Paul Pelisse, Président de l’UPCF.
Toutes les photos de cette manifestation sur le blog de Richard Feeser.


 

Références:

La légende du Baron Rouge


Stéphane Koechlin

Fayard

ISBN 978-2-213-63841-6

24,00 €







Éditeur et auteur

Coordonnées de l'éditeur :
- Fayard


Autres ouvrages du même éditeur
- Dernier vol pour l’enfer
- Georges Guynemer
- Marcel Dassault
- Oups ! On a oublié de sortir le train d’atterrissage

Autres ouvrages de S. Koechlin
- Dernier vol pour l’enfer
- Histoire secrète de la conquête spatiale

Rechercher sur ce site:

À ce jour dans l'Aérobibliothèque : 4810 publications.

Accueil
Tout le site par rubriques
Redaction et Admin (mot de passe)
Accueil |
Recherche
|Plan |
Contact
 


Responsable légal : Philippe Ballarini
Rédacteur en chef : Frédéric Marsaly
Responsable département périodiques : Laurent Rastel

Collaborateurs (permanents ou épisodiques) :

E. Ballarini, Ph. Bauduin, H. Bernard, R. Biaux, Ph. Boulay, F. Brignoli, Th. Couderc, R. Feeser, R. Françon, P-C. Got, H. Guyot, B. Hugot, T. Larribau, J. Leclercq, Th. Le Roy

D. Liron, Ph. Listemann, F. Marsaly, P-F. Mary, Th. Matra, F. Mée, C. Micelli, B. Palmieri, F. Ribailly, Ph. Ricco, G-D. Rohrbacher, J. Schreiber, J-N. Violette, G. Warrener
Les recensions, critiques et chroniques publiées dans l'Aérobibliothèque sont la propriété de l'Aérobibliothèque et sont protégées par la loi du 1er juillet 1992.
Toute publication dans un autre espace internet ou sur un document imprimé doit faire l'objet d'un accord préalable de l'Aérobibliothèque et de l'auteur du texte concerné.
ooooooo
Ce site Spip est une réalisation Evelyne Marsura © 2001