Quand un aérobibliothécaire reçoit un ouvrage tel que celui-ci, il commence par adopter une moue suspicieuse : gros pavé au titre ronflant, éditeur généraliste, ouvrage traduit (traduttore, traditore*), hum ! Et puis il finit par se souvenir que Jim Winchester est un auteur "aéro" anglais prolifique autant que réputé, et que le fait que le traducteur soit Francis Dréer, un "furieux" de tout ce qui roule ou vole, nous met à l’abri de ces traductions hasardeuses qui ont le don de nous faire pouffer de rire avant de nous agacer.
Bref, un livre essentiellement "grand public", mais dans le sens noble du terme. Si le principe en est simple (un millier d’appareils présentés à l’aide d’un profil couleur [non signé], d’un court texte de présentation et d’un tableau des principales caractéristiques), l’organisation en est plutôt originale et pétrie d’un bon sens que l’on aimerait trouver plus souvent dans de semblables ouvrages.
En effet, on aurait pu s’attendre à une classification simplement chronologique (et donc nécessairement embrouillée), mais l’auteur a opté pour une organisation plus élaborée et astucieuse, mêlant familles d’appareils, constructeurs, unités aériennes, grands moments de la guerre aérienne, appareils mythiques… le tout par groupes de cinq appareils sur deux pages. L’ensemble est présenté dans un ordre sensiblement chronologique, nous menant de 1909 à nos jours.
C’est ainsi que nous trouverons, par exemple et dans le désordre : Derniers hydravions, Les "tonneaux" de Grumman (du FF-1 au F4F Wildcat, Les Mirage modifiés, Opération Barbarossa (2 volets), L’Avro Lancaster, Les forces aériennes chinoises, Leurre et brouillage… Disons-le : c’est plutôt bien ficelé et attrayant. Notons la présence d’une frise chronologique qui situe chaque appareil dans le temps au regard de ses homologues présents dans la même double page : simple et efficace.
On le comprendra, dans un ouvrage tel que celui-ci, les annexes sont réellement indispensables. Elles sont bien présentes, sous la forme d’un glossaire (rudimentaire mais suffisant) et de deux index : l’un des appareils classés alphabétiquement par constructeur, l’autre plus général répertoriant sujets, lieux et principaux personnages évoqués.
Après un Spitfire plutôt réussi chez le même éditeur, voici un livre soigné et travaillé, complet, agréable et facile à consulter. Le prix de 40 € nous paraît tout à fait raisonnable pour un tel ouvrage (446 pages !), de présentation soignée, bien imprimé sur un beau papier et doté d’une robuste reliure cartonnée avec jaquette.
Philippe Ballarini
* traduttore, traditore* ≈ "traduire, c’est trahir"
446 pages, 23,7 x 29,2 cm, couverture rigide + jaquette
2,034 kg
Traduction : Francis Dréer
Avec l’aimable autorisation des © Éditions L’imprévu
Avec l’aimable autorisation des © Éditions L’imprévu