Re:Re:Re:Raymond Babylas Amory

**Réponse à M. Lucien Morareau :**

Monsieur Morareau,

Je me permets d’apporter quelques précisions concernant les
événements que vous évoquez, en me fondant sur des faits
recueillis auprès de témoins oculaires encore en vie ainsi
que sur des éléments matériels et historiques corroborés.
Malheureusement, il est clair que le travail approfondi sur
Raymond Babylas Amory reste largement inexploité. Les
quelques lignes consacrées à Amory dans certains ouvrages
sont inexactes, qu’il s’agisse du numéro de son avion, de sa
provenance, de sa mission ou encore du combat qu’il a mené.
Pourtant, contrairement à ce que l’on pourrait penser, des
témoins au sol étaient bel et bien présents ce matin-là.

Un des témoins encore vivants, âgé d’une dizaine d’années à
l’époque, se souvient très bien de l’arrivée des Allemands
dans la matinée à Carentan. Ce témoignage, essentiel, est
appuyé par des éléments matériels comme les douilles
retrouvées sur la place centrale de Carentan, preuve
tangible d’un affrontement aérien à cet endroit.

L’impact des événements a marqué profondément la population
locale, notamment la famille Lemeltier. André Lemeltier,
l’une des sœurs, a été projetée dans une mare par
l’explosion d’une branche de sapin causée par les impacts du
combat aérien. Elles étaient dans la cour pour aller aider
leur papa à traire les vaches. Sa sœur Marcelle l’a secourue
alors qu’elle était grièvement blessée, souffrant d’un bras
cassé qui ne s’est jamais complètement remis malgré des
soins prolongés. Cette blessure a causé des douleurs
permanentes à André tout au long de sa vie. Si Marcelle
n’était pas intervenue, André aurait probablement perdu la
vie.

Bien que la mare ait été recouverte depuis, le sapin, un
imposant arbre, se dresse encore aujourd’hui dans la cour de
la ferme familiale, qui existe toujours. Par ailleurs, une
des deux cheminées de la maison des Lemeltier a été détruite
au même moment lors du combat aérien alors que Louise, leur
mère était dessous et enceinte du 9eme mois. Bien qu’elle
ait été reconstruite par de nouveaux propriétaires, la
différence entre les deux cheminées reste visible.

Les répercussions émotionnelles et matérielles furent
considérables pour cette famille. Leur mère, déjà en
mauvaise santé, est décédée en couches quelques jours après,
affectée aussi par les blessures de sa fille et les dommages
subis par leur ferme qui aurait pû la tuer. Cet épisode
tragique s’ajoute aux souvenirs douloureux de cette matinée.

Un autre témoin important, Madame Louise Aubry, institutrice
et voisine des Lemeltier, a joué un rôle essentiel en
rédigeant les actes de décès de ses voisins après les
événements. Décédée en 1950, elle reste une figure clé de
cette histoire locale. Et était présente dans sa maison à ce
moment là et parler à qui voulait l'entendre de ce combat au
dessus de Méautis.

Sur le plan militaire, lors du déplacement du corps de
Raymond Amory au carré des corps restitués le 18 juin 1994,
en présence d’un haut gradé de l’aéronavale, il a été
déclaré qu’Amory avait abattu deux avions allemands. Je
possède cette vidéo. Cependant, à ce jour, je n’ai pu
confirmer de manière suffisamment formelle que le crash d’un
seul avion. Ce premier avion abattu est attesté par deux
articles de presse et par un témoignage audio détaillé de
Marcelle Lemeltier, enregistré lorsqu’elle avait 95 ans et
Monsieur Côme Hérout, ancien Maire d'Auvers et enfant à ce
moment là et témoin du combat aérien à cette époque. Ce
témoignage, que je conserve, décrit avec une grande
précision les événements du 18 juin 1940 à la ferme
familiale, leurs répercussions jusqu’en janvier 1941, date
du décès de leur père.

Le 23 novembre 2024, je me suis rendu sur les lieux des
crashs de l'avion Allemand en compagnie de Monsieur Hérout,
son épouse, et Marcelle Lemeltier. Cette visite a permis de
confirmer plusieurs éléments matériels concordant avec le
récit du combat aérien. Marcelle a pu identifier avec
précision des emplacements sur des photographies aériennes
des années 1950 ainsi que sur des cartes actuelles, ce qui
renforce encore la crédibilité de son témoignage.

Enfin, bien que la possibilité d’un second avion abattu soit
évoquée, notamment dans une vidéo où il est mentionné qu’il
se serait écrasé dans les marais de Saint-Hilaire, je m’en
tiens aux faits vérifiés par au moins deux éléments
factuels. Tant que ces critères ne sont pas remplis, je
préfère ne pas m’avancer davantage sur ce point. Mon enquête
se poursuit activement, car il est primordial de recueillir
les témoignages et les preuves avant qu’ils ne se perdent
avec le temps. Cette méthodologie, que j’ai également
présentée à un journaliste de *Ouest France*, guide mon
travail avec rigueur et prudence.

Pour le reste, il faudra lire mon livre qui je l'espère
marquera la fin de mon travail d'enquête.

Je reste à votre disposition pour tout échange ou
clarification supplémentaire, et votre aide si vous
souhaitez m'aider dans mon travail.

Cordialement,
Romain Verardo