Heinkel He 274

Avia Editions a publié en 2006 "Souvenirs inachevés" de Roger Receveau.

En récit annexe, il raconte les essais du Heinkel He 274 dont il n'a pas apprécié les caractéristiques ("sa construction (...) engendrait des déformations inquiétantes et rendait son pilotage difficile").
Il en comprend les raisons et les explique mais souligne que cela ne convenait pas à l'usage envisagé par les français, à savoir avion porteur/largueur des SO M.1 et NC.271.

Il évoque l'inefficacité des ailerons et les effets induits de leur utilisation.
"Plus inquiétantes encore étaient la souplesse et l'élasticité de la voilure dans le plan vertical. A l'arrêt, lorsque l'avion chauffait au soleil, les ailes descendaient de 50 cm sous l'effet de la dilatation. Entre le repos et la position au décollage, elles s'élevaient de 90 cm."
Il précise un peu plus loin, qu'au cours d'un vol à 410 km/h et sous facteur de 2G, la flèche en bout d'aile atteignait 2m40.

C'était il y a 80 ans... et l'envergure faisait 44 mètres.

De nos jours, les Airbus et Boeing ont des débattements bien plus importants (avec des envergures de 60m et plus).
Je n'ai pas entendu dire que cela perturbait quiconque.
Certes, 80 années d’ingénierie sont passées par là; l'arrivée du carbone et des colles entre autres ...

J'essaye de comprendre pourquoi -au-delà des années d'expérience et des nouvelles technologies qui nous ont familiarisés avec ce comportement- cela a tant marqué Receveau et ses collègues(*).

On a souvent dit que c'était un "bombardier jetable", sous-entendu, en contradiction avec les B-17/B-24 qui pouvaient encaisser de gros dégâts... avions que Receveau n'a pas piloté mais dont il avait dû entendre parler de quelques récits quasi-légendaires quant à des retours de missions stupéfiants.

(*) le He 274 reçut "(...) des renforts en certaines parties du fuselage", donc il ne dut pas être le seul à faire le constat et trouver cette souplesse inappropriée.